Collier ou bricole ?

Le cheval est-il mieux habillé donc plus élégant avec un collier ou une bricole ? Le collier facilite-t-il mieux la traction que la bricole ? Revue des avantages et des inconvénients.

Le collier anglais
Aujourd’hui, il fait référence. Il assure un bon appui sur toute la longueur des épaules et répartit parfaitement l’effort de traction.


Très bel équipage en collier sans reculement mené par Elisabeth Cartwright

Voici les conseils donnés par Max Pape :
« Ce qui importe surtout, c’est l’emplacement et la dimension du collier. Le collier doit être façonné de manière à s’adapter à l’anatomie du cheval, donc selon un contour piriforme et non ovoïde. Il doit réserver à sa base une liberté suffisante pour qu’on puisse passer sans peine la main entre ses mamelles et la trachée du cheval. Les tirages ne doivent pas être trop près des blanchets sinon ils risqueraient de les écraser. La matelassure doit être épaisse et bien répartie afin d’éviter toute chance de meurtrissure de la peau, en cas de violents efforts plus spécialement. Les clefs d’attelles doivent être mobiles et non fixes, afin que les guides ne brutalisent pas la bouche du cheval pendant les allures vives.
Le collier doit être adapté de telle façon que dans l’action, il ne se soulève ni le long des épaules ni en haut du poitrail.
Si un cheval a la tête tellement forte qu’elle ne laisse pas passer le collier, il convient de prévoir un collier assez large qu’on dispose sur une matelassure supplémentaire ou faux-collier. »
Petit conseil : si vous avez un collier un peu juste latéralement lors du passage au niveau des arcades sourcilières. Démontez les attelles, introduisez votre genou plié dans le corps de collier et tirez latéralement. Le collier s’élargira un peu momentanément.

Passez le collier et remettez en place les attelles en serrant bien la courroie. Il faudra peut-être retirer les attelles pour enlever le collier. (voir croquis ci-contre). Par ailleurs, le collier doit toujours être présenté à l’envers en se mettant face au cheval. Dès les oreilles franchies, il faut retourner sur la nuque le collier dans son sens d’utilisation et le descendre sur les épaules jusqu’à la base de l’encolure.

Ajustage du collier
Ecoutons le Comte de Cominges :
« Peu de personnes savent ajuster un collier à l’encolure de leurs chevaux. C’est pourtant une chose absolument nécessaire qu’un collier bien ajusté. De même que pour le fer, si celui-ci doit être forgé pour le pied, le collier doit être fait pour l’épaule. C’est souvent le contraire qui a lieu : le pied est obligé de s’adapter au fer et l’épaule finit par faire son trou dans la matelassure.
Le collier ne doit pas être parfaitement ovale ; il doit être bien large à sa base et avoir « sa tête » renversée. Il doit suivre le galbe de l’encolure dans sa forme extérieure.

Trop étroit, il gêne la respiration du cheval ; trop grand, il cause par son frottement des plissements de la peau et des blessures.
Le collier doit plaquer sur les épaules et reposer sur le dessus de l’encolure. Inférieurement, on doit pouvoir passer le poing fermé entre le collier et le cou.
Il ne suffit pas d’essayer un collier neuf au repos ; il faut encore le mettre sur le cheval harnaché et l’essayer à la traction ; car le cheval aux allures vives modifie son port de tête et partant la forme de son encolure.
Mais, souvent, si le collier qui paraît bien ajusté ne va pas, la faute en est au mauvais placement des points de tirage des attelles ».

Le faux collier
Le faux collier aide à l’emploi d’un collier trop grand ou mal ajusté. Il est en cuir de vache assez fin et garni de crin animal. Au XIXe siècle, il était également fabriqué en chevreuil utilisé poil contre poil mais c’est un matériau fragile. Le faux collier doit être attaché au collier. Attention, en cas de blessure, le faux collier ne facilite pas la guérison d’une plaie. Il est déconseillé dans un tel cas.

La bricole
Aujourd’hui, elle est la plus utilisée. Plus facile à fabriquer qu’un collier, nettement moins onéreuse, adaptable à plusieurs chevaux, elle constitue une bonne solution.
Voyons ce qu’en disent nos maîtres historiques.
P. Levrot émet un avis sur la bricole :
« Bricole poitrail La bricole ne peut pas remplacer avantageusement le collier, parce que le cheval muni de cet appareil n’a pas la même force qu’avec le collier qui porte sur l’épaule entière. Lorsqu’on met une bricole à un cheval, il est de toute nécessité que la voiture soit munie d’un palonnier ; autrement les mouvements faits par le cheval se communiqueraient à la bricole qui lui scierait les épaules, produirait un échauffement, ce qui aurait pour grave conséquence que le cheval ne pourrait plus être attelé ».
Le Comte de Comminges continue sur ce thème : « L’usage de la bricole est assez répandu. Elle est vite mise, est d’un entretien facile et dégage l’encolure. Mais elle ne convient (au point de vue de l’hygiène et de la mécanique de la traction) qu’au trait léger ; encore faut-il quelquefois la doubler avec un tablier en cuir ordinaire, mais plus large ou simplement la rembourrer avec de la modeste peau de mouton, afin d’éviter les blessures, résultat inévitable d’une longue course. »
N’ajustez pas votre bricole trop bas; une bricole n’est jamais assez haute, pourvu qu’elle ne gêne pas la respiration.
En attelage à un, la bricole peut être platelonge, c’est-à-dire solidaire des traits qui sont cousus. Cela donne plus de souplesse. En paire, les traits viennent se fixer sur les boucles situées aux extrémités latérales de la bricole.
La bricole anatomique dégage l’encolure et libère les épaules en étant relevée au niveau de la pointe de l’épaule.
Le type de harnais en bricole le plus parfait est le harnais de poste dont Faverot de Kerbrech dit « Ils se faisaient aussi simples que possible et les proportions des différentes pièces en étaient calculées de façon qu’on put les mettre indistinctement sur de gros Percherons très doublés ou sur des chevaux plus minces de taille bien inférieure ».
Voilà qui prouve l’universalité de l’usage de la bricole.

Que choisir ?
La bricole est la plus facile à utiliser sur des chevaux de corpulence différente. Légère, elle est facile à manipuler surtout si l’on enfile le harnais entièrement monté. Sa surface de traction est anatomiquement moins favorable que celle d’un collier, mais suffisante pour un attelage léger. Son prix est beaucoup plus abordable. Elle impose l’utilisation de palonniers sur les voitures.
Le collier a pour principale qualité son élégance. La force de traction s’exerce mieux qu’avec une bricole. Aujourd’hui pour plus de confort, on attelle un cheval en collier sur un palonnier et non plus sur les poupées de barre de volée ou les dars dans une voiture à brancards. Sauf si votre cheval est attelé régulièrement en collier et donc qu’il a les épaules faites, ne commettez pas l’erreur de passer d’une bricole à un collier sans une longue préparation. Sinon, attention aux risques de gonfle. Le mieux est d’alterner régulièrement collier et bricole.
Le collier doit être fabriqué sur mesure par un des rares selliers qualifiés. Le prix est évidemment élevé mais les mauvais colliers tout faits ovoïdes et plats risquent de blesser le cheval.
Autre avantage du collier, sur une voiture 4 roues attelée en paire, il n’y a pas besoin de reculement (sauf en montagne). On met de fausses martingales attachées en bas du collier. Les chevaux sont beaucoup plus élégants débarrassés de tous les cuirs du reculement. Mais en zone accidentée il faut des freins. Dernier avantage, le cheval peut tirer plus lourd.

Conclusion : Si vous n’avez qu’un seul harnais, optez pour la bricole. Si vous êtes vraiment indécis, mettez-vous au tandem. Vous choisirez une bricole pour le leader, une belle fine bricole de tandem dont les traits viennent se fixer sur les boucles des boucleteaux de collier dont sera équipé votre wheeler. C’est à mes yeux, la plus jolie façon d’habiller un beau tandem. Le cheval de brancard tire la voiture, il est en collier, le cheval de volée ne l’aide qu’occasionnellement, il est en bricole.

André Grassart