Loches et Beaulieu : « … et au milieu pousse une prairie »

D’abord, il n’y a rien.
La Prairie du Roy somnole, fraîchement coupée, toilettée, elle attend.


Site naturel éco touristique idéalement situé entre Loches et Beaulieu, le ciel lui tombe sur la tête la nuit de jeudi à vendredi, autant de pluie qu’en quatre mois, et embourbe le beau camion de l’équipage de Meuter, qui avait roulé toute la nuit…So sorry. Merci au tracteur rouge de M. Bidault, escorté par la police municipale.

Mais le soleil revient et illumine cette Touraine du Sud que les concurrents, installés dès le vendredi, découvrent, enchantés.
Tandis que tout continue de se mettre en place :

préparation du terrain par les Services Techniques et des Espaces Verts des Villes de Loches et Beaulieu, fléchage du routier, toilettes sèches des Copeaux d’Abord (écolo et très propres), tribune du jury, barnums, secrétariat, etc…

Au paddock, chacun s’active à nettoyer les harnais (et même plus que çà !), lustrer les voitures, travailler les chevaux ; où comment sortir 4 chevaux quand on est 3 cavaliers (Gordon, le quatre ans très sage en main), et longer 2 chevaux en même temps (au licol, dont un attaché à la queue du leader !).


Quand on participe à un concours de tradition, la compétition n’est pas le seul objectif, on aime tout autant découvrir une nouvelle région, faire ses emplettes au marché et dans les environs. Ici, chaque coin de rue ou de maison est un livre ouvert d’architecture et d’histoire.
On vient aussi pour « le dîner des meneurs » !
C’est à St Laurent de Beaulieu, une église désacralisée (qui fut grange à foin puis garage) que Joce décore « la salle », et que Dimitri, chef cuisinier, démontre son art, si éphémère. La cuisine est à 50 mètres, la brigade de commis-serveuses-bénévoles s’organise très bien.
Nous avons voulu de grandes tablées pour faciliter les rencontres.

Les plateaux repas du dimanche, offerts aux meneurs et aux bénévoles, seront servis dans ce même lieu remarquable.

Dimanche matin, le spectacle peut commencer ; car c’est un vrai spectacle que les concurrents, Allemande, Belges, Britanniques, Suisses, et Français bien sûr, vont offrir aux promeneurs, ébahis, éblouis, lors de la présentation au Jardin Public de Loches.

L’effet de surprise est total. Appelés pas les battues des chevaux sur le macadam, les habitants sortent de leurs maisons, les promeneurs se détournent de leur chemin, affichent des sourires ravis.

L’information avait largement circulé, journaux, radios, affiches, flyers, invitations par courriel aux Bellilociens, bulletin lochois… Il n’empêche, tous ces attelages « en vrai » émerveillent.

Les fenêtres à meneaux encadrent la grande affiche avec élégance, il y en aura une pour O. Bodin, à la remise des prix, bien méritée.

Au pied du Logis Royal et de la basilique Saint Ours, l’écrin est à la hauteur de la qualité exceptionnelle des équipages.


Equipage Sassatelli – Ober des Prés, Fjord attelé à une Toulousaine 1900

Il est encore tôt, le public afflue, M. Dauger, président du jury, est héroïque : un méchant lumbago lui impose une canne. Sa secrétaire du matin, Martine, présidente de Reignac 37 attelages, lui trouvera un kiné compatissant et efficace.


Monsieur Papin est juge n°2.


Equipage Chaudet – Free Nobis, haflinger attelé à une chaise bernoise 1900
Observé par Monsieur Bahuchet, juge n° 3


Equipage de la Jaille – Djino de Moriers, PFS attelé à un rally car 1898

L’immobilité est requise, certains chevaux s’impatientent, à leur façon !

Le jardin, bichonné, a retrouvé ses fleurs et ses couleurs. A Pâques, la foudre avait explosé le séquoia centenaire…
Aussitôt après le dernier équipage, les crottins étaient enlevés, pour enrichir un compost gourmand.

Le routier démarre en contre bas du donjon, construit par Foulque Nerra, autour de l’an mille, et tout de suite après le premier passage contrôlé, le rail droit.


Equipage Maringe (Antoinette, 14 ans, est la benjamine) – Rock’star, shetland attelé à un tonneau 1900

Quelques rues plus loin, le PC du salut au Mail St Pierre, puis la première grimpette vers la forêt domaniale, quiète et protectrice.


Equipage de Schrevel – kladrubers attelés à un break de chasse Binder 1900

Les randonneurs à pied ou à vélo s’arrêtent, mettent pied à terre, emportés un siècle en arrière.

A Ferrière sur Beaulieu, le PC le plus difficile, le remiser, attend les équipages, la moitié d’entre eux réussira. La difficulté s’accroît avec les quatre roues.


Equipage Mettler – trakehners attelés à un phaéton tabatière 1890


Equipage Grassard – PFS attelés à un dog cart 1890


Equipage Bürge – Westfaliens et hongrois, attelés à un landau 1860

Madame Métadier, Maire de Beaulieu, passagère « prise en stop » au départ du routier, apprécie l’adresse d’Edwin et le confort des huit ressors du landau, ou town coach. Il a appartenu au chef de la police du comté de Cambridge.

La volte se déroule dans une propriété privée gracieusement ouverte aux concurrents. Madame la Comtesse s’installe sur son perron, au soleil, et regarde tous les équipages avec un œil plein d’acuité, enchantée de ce gracieux ballet.

Encore quelques kilomètres à travers la campagne et les attelages arrivent au dernier PC, le verre, d’asti spumante, installé devant la mairie de Beaulieu, auprès de l’Abbatiale, sur la jolie place ombragée, avant l’arrivée à la Prairie du Roy.

La maniabilité accueille des centaines de spectateurs (2000 diront certains), cette affluence nous épate et nous comble.
Le village équestre et artisanal reçoit les visiteurs intéressés, découvrant pour certains l’art de la bourrellerie, de la fabrication de girouettes ou de barbes à papa.


Equipage Perrin – Jaspe CO/NF- round back gig 1908 …………. Equipage Chemin – Norick -charrette anglaise


Equipage Boulay – appaloosa – gig 1880………. Equipage Normand – Keros SF – coupé de ville 1890


Equipage Sorin – landais – tilbury 1900 …………….. Equipage Chedru – fjord/NF – chaise bernoise 1870


Equipage de Grünne – appaloosa – phaéton 1890 ………….. Equipage Lamadieu – cob – break moderne
(l’attelage, ça décoiffe !)

Ce haut mur doit bien vous intriguer…Bâtit classé, il délimite la prairie au sud. Il abritait le couvent des Viantaises sis de l’autre côté. Il y a quelques années, il fermait un des côtés de la piste de CSO.

Foin de nostalgie… Les concours d’attelage de tradition sont autrement plus hauts en couleurs, en diversité, en harmonie, en convivialité et en éclat !

La remise des prix se met en place à l’heure prévue. Tous les élus, séduits, pour ne pas dire emballés, par cette journée radieuse, sont tout à fait à l’aise pour remettre les coupes. Approcher les occupants d’un attelage rassure davantage qu’un cavalier à cheval. Un pochon de pommes ou de carottes est distribué à toutes les voitures avec les sacs de récompenses.

Norick, âne bourbonnais est félicité pour son courage et Mme Chemin pour sa dextérité et sa diplomatie à le mener.

Madame Desmanets, du Loiret, à gauche, est première en catégorie petits poneys, avec Pinto, pottock, attelé à un country car.

Monsieur Chartrain, de la Sarthe, et Nina du Grand Frênes, percheronne, attelée à un demi tonneau de 1930, premiers en catégorie traits.

Monsieur Chaudet, du Loir et Cher, remporte la catégorie poneys.

Monsieur Matthys, de Belgique, premier dans la catégorie tandem poneys, mérens attelés à un dog cart 1900.

Monsieur Vrignaud, de la Vendée, remporte la catégorie chevaux de sang, et le trophée AFA du concours (NDLR : il s’agit du 1°prix toutes catégories et non du TROPHEE AFA 2011 qui sera remis après le CIAT de Rambouillet, le 25 septembre) , avec 6 petits points de pénalité sur les trois épreuves (sans faute sur le routier et en maniabilité). Il mène des franches montagnes, à un phaéton siamois.

Monsieur Bodin, de l’Indre et Loire, est premier catégorie grandes guides, avec ses poneys NF et PFS, attelés en arbalète à un phaéton transformable.

Voilà, c’est fini, nous nous retrouvons une dernière fois autour d’un pétillant de Touraine, tradition oblige !

Merci aux concurrents, venus de très loin pour certains, d’avoir eu l’envie de découvrir un nouveau concours. Il faut être un peu fou pour assouvir une passion qui vous emmène si loin, vers l’inconnu !

Cette belle journée a pu être organisée par la volonté, l’enthousiasme, la disponibilité, des institutionnels, des entreprises sponsors, des bénévoles, encadrés par l’AFA et Reignac 37 Attelages.

Une telle organisation est un puzzle, une mosaïque d’actions à mener à bien, et il s’agit bien de menage !

Notre objectif était de faire découvrir une facette méconnue de l’attelage, d’offrir un émerveillement inattendu, des émotions douces, le charme raffiné d’une vie d’antan, de faire oublier quelques minutes les tourments de notre monde moderne…

Si cet objectif est atteint, c’est grâce à vous !

Un « tout grand merci » à tous comme nous a dit Damien, de Wallonie, avec une mention spéciale aux amis de Bretagne, de Vendée, de Paris, à Alain, Benoit, Rémi et Erwan.

Renata

La revue de presse :

Et la une de l’hebdomadaire de la Touraine du Sud :

ps : entre les photos de l’article et celles des coupures de presse, il doit manquer quelques attelages, j’en suis désolée,je n’ai encore reçu que très peu des milliers de photos prises !