Le Mans : l’avis d’une concurrente

Le Mans
1° juillet 2012
1° CIAT

France de Montebello, ravie du Concours du Mans

Dommage que si peu de candidats se soient déplacés pour ce concours sympathique et bien organisé. Les départs en vacances du 1er juillet ont peut être découragé certains de prendre la route.

Pas de problème de parking, des boxes spacieux et modernes et un accueil chaleureux et décontracté : on se sentait « en famille ». La présentation dans le manège couvert était confortable. Le routier nous a réservé un parcours ravissant dans la campagne, traversant une élégante propriété ouverte pour nous, longeant des prés où chevaux, poulinières et yearlings venaient nous saluer avec curiosité. Peu de goudron. La maniabilité sur la carrière des C.S.O était assez technique et demandait un assez grand effort aux chevaux car après quelques passages, le sol était « labouré ». Notre énergique Haflinger s’en est accommodé et a été récompensé d’une première place. Nous espérons bien revenir en 2013.

La Chabotterie : un concours à la manière de Renata


La météo, incertaine depuis tant de semaines, a bien voulu, ce tout début d’été, retenir son crachin presque breton jusqu’à la fin de la remise des prix !

C’est notre deuxième concours à la Chabotterie – haut lieu d’histoire magnifiquement préservé et mis en beauté – mais le premier pour Alain, qui, les concours précédents, faisait chauffeur, palefrenier et coach, du poney et de sa meneuse. Nous n’inversons pas tout à fait les rôles : il continue de conduire le camion !

Toujours bien accueillis, nous dînons au logis, dans une grange habillée de roses liane et de roses trémières à l’extérieur,

De belles poutres et de chandeliers à l’intérieur, et d’une farandole de dessins de Bruno de La Pintière, d’après une photo de nos attelages, délicate attention, drôle aussi, le trait est plein d’humour !

Des 17 engagés, nous sommes 15 à prendre le départ.
Le dimanche matin, la présentation se déroule dans le parc, écrin parfait pour nos équipages pomponnés au grain de poussière près.


Equipage NORMAND – cheval de selle et coupé de ville

Equipage TRIBOY – franches montagnes et wagonnette

Equipage VRIGNAUD – franches montagnes et phaéton siamois

Equipage BOUARD – arabo-percherons et phaéton – Equipage LE JELOUX – cobs normands et
phaéton

Equipage CAILLEBOT-DESBLÉS – arabo-welsh et military – Equipage du H N de Vendée – cobs normands et omnibus

Equipage BRION – welsh et victoria

L’itinéraire du routier ramène les attelages par cette somptueuse allée bordée de chênes séculaires.

Equipage MARRATIER – cob normand et charrette anglaise – Equipage CHARTRAIN – percheron et demi-tonneau
Après le salut dès le départ, guide et fouet une main, le chapeau dans l’autre :

Le reculer dans le village de St Sulpice le Verdon, il reste trois passages contrôlés à réussir, le couloir animé par les trompes de chasse qui sonnent juste au moment du passage de l’attelage :

Le verre, guides et fouet dans la main gauche, s’arrêter, prendre le verre, le boire (avec modération !), le déposer 15 mètres plus loin :

Et enfin la volte à main gauche, guides dans une main :

Mission presque accomplie, l’arrivée est à moins de 500 mètres, il faut rentrer dans le temps imparti, soit entre 1h36 et 1h28, pour une vitesse de 11 km/h pour les poneys. Sans faute pour notre « jeune » meneur !
Mais la journée n’est pas terminée, l’après-midi est consacrée à la maniabilité, sur une jolie piste, avec le logis en toile de fond.


Equipage SEYMOUR – welsh et dog cart

Equipage SORIN – Landais et niçoise

Equipage MATTHYS – mérens et tandem dog cart (la Belgique est à plus de 700 km !)

Equipage GRASSARD – PFS et skelton gig

Equipage BERTHELOT – selle français et derby cart

L’avantage d’être à pied me permet de photographier tous les participants et d’apprécier la beauté des équipages : que du plaisir pour les yeux et le cœur !

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Le premier concours de tradition du Mans, au Boulerie Jump, a eu lieu une semaine plus tard. Passagère pour la première fois (c’est très agréable !), je n’ai pas, hélas, de photo à montrer.
Les concurrents gardent tous le délicieux souvenir d’un routier avec pour décor des purs-sangs anglais gambadant dans les prés de l’élevage de M. de Tarragon, par des chemins entre ombrage et soleil.

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Nous ne remercierons jamais assez les associations, les institutions, les sponsors et les bénévoles qui permettent l’organisation de tels événements.
Prochains rendez-vous attelage de tradition au Haras du Pin le 15 juillet (pendant la semaine de l’attelage, avec le concours international FFE), et à Loches et Beaulieu les 21 et 22 juillet !

R. Caillebot

Collier ou bricole ?

Le cheval est-il mieux habillé donc plus élégant avec un collier ou une bricole ? Le collier facilite-t-il mieux la traction que la bricole ? Revue des avantages et des inconvénients.

Le collier anglais
Aujourd’hui, il fait référence. Il assure un bon appui sur toute la longueur des épaules et répartit parfaitement l’effort de traction.


Très bel équipage en collier sans reculement mené par Elisabeth Cartwright

Voici les conseils donnés par Max Pape :
« Ce qui importe surtout, c’est l’emplacement et la dimension du collier. Le collier doit être façonné de manière à s’adapter à l’anatomie du cheval, donc selon un contour piriforme et non ovoïde. Il doit réserver à sa base une liberté suffisante pour qu’on puisse passer sans peine la main entre ses mamelles et la trachée du cheval. Les tirages ne doivent pas être trop près des blanchets sinon ils risqueraient de les écraser. La matelassure doit être épaisse et bien répartie afin d’éviter toute chance de meurtrissure de la peau, en cas de violents efforts plus spécialement. Les clefs d’attelles doivent être mobiles et non fixes, afin que les guides ne brutalisent pas la bouche du cheval pendant les allures vives.
Le collier doit être adapté de telle façon que dans l’action, il ne se soulève ni le long des épaules ni en haut du poitrail.
Si un cheval a la tête tellement forte qu’elle ne laisse pas passer le collier, il convient de prévoir un collier assez large qu’on dispose sur une matelassure supplémentaire ou faux-collier. »
Petit conseil : si vous avez un collier un peu juste latéralement lors du passage au niveau des arcades sourcilières. Démontez les attelles, introduisez votre genou plié dans le corps de collier et tirez latéralement. Le collier s’élargira un peu momentanément.

Passez le collier et remettez en place les attelles en serrant bien la courroie. Il faudra peut-être retirer les attelles pour enlever le collier. (voir croquis ci-contre). Par ailleurs, le collier doit toujours être présenté à l’envers en se mettant face au cheval. Dès les oreilles franchies, il faut retourner sur la nuque le collier dans son sens d’utilisation et le descendre sur les épaules jusqu’à la base de l’encolure.

Ajustage du collier
Ecoutons le Comte de Cominges :
« Peu de personnes savent ajuster un collier à l’encolure de leurs chevaux. C’est pourtant une chose absolument nécessaire qu’un collier bien ajusté. De même que pour le fer, si celui-ci doit être forgé pour le pied, le collier doit être fait pour l’épaule. C’est souvent le contraire qui a lieu : le pied est obligé de s’adapter au fer et l’épaule finit par faire son trou dans la matelassure.
Le collier ne doit pas être parfaitement ovale ; il doit être bien large à sa base et avoir « sa tête » renversée. Il doit suivre le galbe de l’encolure dans sa forme extérieure.

Trop étroit, il gêne la respiration du cheval ; trop grand, il cause par son frottement des plissements de la peau et des blessures.
Le collier doit plaquer sur les épaules et reposer sur le dessus de l’encolure. Inférieurement, on doit pouvoir passer le poing fermé entre le collier et le cou.
Il ne suffit pas d’essayer un collier neuf au repos ; il faut encore le mettre sur le cheval harnaché et l’essayer à la traction ; car le cheval aux allures vives modifie son port de tête et partant la forme de son encolure.
Mais, souvent, si le collier qui paraît bien ajusté ne va pas, la faute en est au mauvais placement des points de tirage des attelles ».

Le faux collier
Le faux collier aide à l’emploi d’un collier trop grand ou mal ajusté. Il est en cuir de vache assez fin et garni de crin animal. Au XIXe siècle, il était également fabriqué en chevreuil utilisé poil contre poil mais c’est un matériau fragile. Le faux collier doit être attaché au collier. Attention, en cas de blessure, le faux collier ne facilite pas la guérison d’une plaie. Il est déconseillé dans un tel cas.

La bricole
Aujourd’hui, elle est la plus utilisée. Plus facile à fabriquer qu’un collier, nettement moins onéreuse, adaptable à plusieurs chevaux, elle constitue une bonne solution.
Voyons ce qu’en disent nos maîtres historiques.
P. Levrot émet un avis sur la bricole :
« Bricole poitrail La bricole ne peut pas remplacer avantageusement le collier, parce que le cheval muni de cet appareil n’a pas la même force qu’avec le collier qui porte sur l’épaule entière. Lorsqu’on met une bricole à un cheval, il est de toute nécessité que la voiture soit munie d’un palonnier ; autrement les mouvements faits par le cheval se communiqueraient à la bricole qui lui scierait les épaules, produirait un échauffement, ce qui aurait pour grave conséquence que le cheval ne pourrait plus être attelé ».
Le Comte de Comminges continue sur ce thème : « L’usage de la bricole est assez répandu. Elle est vite mise, est d’un entretien facile et dégage l’encolure. Mais elle ne convient (au point de vue de l’hygiène et de la mécanique de la traction) qu’au trait léger ; encore faut-il quelquefois la doubler avec un tablier en cuir ordinaire, mais plus large ou simplement la rembourrer avec de la modeste peau de mouton, afin d’éviter les blessures, résultat inévitable d’une longue course. »
N’ajustez pas votre bricole trop bas; une bricole n’est jamais assez haute, pourvu qu’elle ne gêne pas la respiration.
En attelage à un, la bricole peut être platelonge, c’est-à-dire solidaire des traits qui sont cousus. Cela donne plus de souplesse. En paire, les traits viennent se fixer sur les boucles situées aux extrémités latérales de la bricole.
La bricole anatomique dégage l’encolure et libère les épaules en étant relevée au niveau de la pointe de l’épaule.
Le type de harnais en bricole le plus parfait est le harnais de poste dont Faverot de Kerbrech dit « Ils se faisaient aussi simples que possible et les proportions des différentes pièces en étaient calculées de façon qu’on put les mettre indistinctement sur de gros Percherons très doublés ou sur des chevaux plus minces de taille bien inférieure ».
Voilà qui prouve l’universalité de l’usage de la bricole.

Que choisir ?
La bricole est la plus facile à utiliser sur des chevaux de corpulence différente. Légère, elle est facile à manipuler surtout si l’on enfile le harnais entièrement monté. Sa surface de traction est anatomiquement moins favorable que celle d’un collier, mais suffisante pour un attelage léger. Son prix est beaucoup plus abordable. Elle impose l’utilisation de palonniers sur les voitures.
Le collier a pour principale qualité son élégance. La force de traction s’exerce mieux qu’avec une bricole. Aujourd’hui pour plus de confort, on attelle un cheval en collier sur un palonnier et non plus sur les poupées de barre de volée ou les dars dans une voiture à brancards. Sauf si votre cheval est attelé régulièrement en collier et donc qu’il a les épaules faites, ne commettez pas l’erreur de passer d’une bricole à un collier sans une longue préparation. Sinon, attention aux risques de gonfle. Le mieux est d’alterner régulièrement collier et bricole.
Le collier doit être fabriqué sur mesure par un des rares selliers qualifiés. Le prix est évidemment élevé mais les mauvais colliers tout faits ovoïdes et plats risquent de blesser le cheval.
Autre avantage du collier, sur une voiture 4 roues attelée en paire, il n’y a pas besoin de reculement (sauf en montagne). On met de fausses martingales attachées en bas du collier. Les chevaux sont beaucoup plus élégants débarrassés de tous les cuirs du reculement. Mais en zone accidentée il faut des freins. Dernier avantage, le cheval peut tirer plus lourd.

Conclusion : Si vous n’avez qu’un seul harnais, optez pour la bricole. Si vous êtes vraiment indécis, mettez-vous au tandem. Vous choisirez une bricole pour le leader, une belle fine bricole de tandem dont les traits viennent se fixer sur les boucles des boucleteaux de collier dont sera équipé votre wheeler. C’est à mes yeux, la plus jolie façon d’habiller un beau tandem. Le cheval de brancard tire la voiture, il est en collier, le cheval de volée ne l’aide qu’occasionnellement, il est en bricole.

André Grassart

Publié dans N94

L’AIAT à Londres

Il est de tradition que l’assemblée générale annuelle de l’Association Internationale d’Attelage de Tradition se tienne chaque année dans un pays différent.
Cette fois-ci, l’Angleterre organisait la réunion en recevant au Cavalry and Guards Club, les représentants de treize nations pour le week-end des 18 et 19 février derniers.
Bill Ginns, président du Coaching Club, et Richard James, éditeur du Carriage Driving Magazine, avaient arrangé de main de maître l’hébergement de tous dans différents clubs londoniens voisins les uns des autres. En plus du Cavalry and Guards Club, le Royal Air Force Club et le Caledonian Club se montrèrent extrêmement accueillants. Ces endroits superbes et totalement privés, furent pour un week-end, aimablement mis à notre disposition, grâce à leurs secrétaires respectifs.
Une soixantaine de personnes avaient fait le voyage, représentant l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique,l’Espagne, la France, la Grande- Bretagne, l’Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, le Portugal et la Suisse, et en observateurs intéressés, le Danemark, la Pologne et la Slovaquie.
Le samedi, Richard James avait organisé la journée aux Royal Mews, Buckingham Palace, où nous fûmes très gracieusement accueillis par le Crown Equerry, le colonel Toby Browne LVO.
Richard James commença par une passionnante conférence sur le Hanson Cab, le « taxi originel » de Londres, pleine de détails et d’anecdotes franchement amusantes sur l’évolution de la place du cocher et ses raisons… que vous découvrirez dans la prochaine Lettre de l’AFA ! Suivait une démonstration dans la grande cour des Royal Mews, positionnement des guides sur le Cab en premier, puis mise du cheval à la voiture, mise des guides et hop ! Le cocher grimpe à l‘arrière… Pas évident…

Steve et Liz Jarman avaient prêté leur concours pour venir nous montrer ce qu’est le menage en postillon. Pas de cocher sur la voiture mais un postillon montant le cheval de gauche et guidant le cheval de droite en s’aidant de son fouet appuyé sur l’encolure pour lui faire comprendre ce qu’on attend de lui.

Une visite très complète des écuries royales, sous la conduite du Head Coachman, Jack Hargreaves, nous mena des splendides carrosses royaux, du Gold State Coach (1762), utilisé à tous les couronnements, mariages royaux et qui a servi pour le dernier Jubilé de la Reine, jusqu’à l’Australian State Coach avec air conditionné offert à la Reine par les Australiens en 1988 ! Sans oublier les Rolls-Royce et autres Bentley magnifiques…
Les selleries remplies de harnais très riches impeccablement entretenus, les écuries abritant pour le moment quelques beaux chevaux pouvant servir à tout moment pour les courriers de la Reine et le transport des ambassadeurs ou personnages importants…

Tout donnait une impression de calme activité. En attendant l’agitation des cérémonies du Jubilé le 4 juin prochain, pour laquelle tous se préparent déjà aux Royal Mews et où reviendront de nombreux chevaux d’attelage, Cleveland Bays, Windsor Greys !
Après un excellent déjeuner, de très intéressants exposés : un compterendu sur les voitures conservées en Angleterre par le National Trust, par Madame Lizzi Jamieson ; un projet de reconstitution de la Dépêche de Waterloo en 2015 par le Dr Alex Naylor et un historique très intéressant sur l’histoire des Royal Mews par M. Colin Henderson, qui en son temps, fut lui-même Crown Equerry.
Retour dans nos clubs respectifs puis très joli et sympathique dîner au Cavalry and Guards Club… toasts, remerciements, blagues, ambiance…
Dimanche matin, rassemblement au même endroit pour l’Assemblée générale, en présence de tous les pays membres et de quelques autres en observateurs.
Dans son rapport moral, Christian de Langlade (F) remercie, entre autres, toutes les personnes de différents pays qui, depuis des années, apportent leurs compétences ou leur expertise à l’AIAT, contribuant ainsi à l’enrichissement de nos connaissances. Vient ensuite le rapport financier par José Juan Morales (E), approuvé à l’unanimité et les applaudissements et remerciements aux membres-majors présents. Linda Depaepe (B) expose le calendrier des manifestations.
Bert De Mooij (NL) suggère de créer une Coupe de l’AIAT à remettre à la meilleure équipe nationale lors des CIAT, ce qui se fera désormais et débutera au 16e concours de Cuts. Guy Wagner (L) revient sur le problème de notation des voitures et il est suggéré que les meneurs donnant sciemment des informations erronées ne seraient plus réinvités . Sylvie Grenet (F), du ministère de la Culture, expose les différents moyens pour faire inscrire l’attelage de tradition au Patrimoine immatériel de l’UNESCO. Heiner Staub (CH) se propose pour tenir l’Assemblée générale 2013 à Berne, le Portugal s’offrant, par la voix de José Folque pour 2014 avec l’inauguration du nouveau musée des Carrosses à Lisbonne. Peter Höpler (A) invite les juges à participer à un séminaire à Vienne en novembre prochain, ce qui est retenu avec grand intérêt.
A l’issue d’un déjeuner sur place, les délégations se séparent, chacun retourne chez soi, la tête et les yeux pleins de superbes souvenirs d’un week-end passionnant, en attendant de nouvelles rencontres, apparemment très appréciées…

Antoinette de Langlade

Publié dans N94