Historique et débats sur les concours
En cette fin d’année 2010, il est question du problème de la datation des voitures hippomobiles. A l’heure actuelle, les voitures anciennes sont notées sur 20, les copies sur 12. Faut-il rester sur ce principe qui paraît poser problème à certains par sa rigueur ? Leur souci, l’ouverture au plus grand nombre et le risque d’accusation d’élitisme, parfois adressé à l’AFA.
Hôtel de Guenégaut en l’an 1992
Revenons à nos débuts au siècle dernier . L ’AFA était en sommeil depuis qu’elle avait remis à la fédération la charge de l’attelage sportif et l’attribution des diplômes d’attelage (aujourd’hui Galop de 1 à 9).
Une association sans activité ne peut perdurer . A l’initiative des membres orphelins car non compétiteurs sportifs, un groupe de 5 passionnés se réunit à l’hôtel Guenégaut à Paris dans le Marais en 1992. En mars, lors d’une réunion d’information, un certain nombre d’anciens membres souhaitent la création de manifestations de loisirs, de prestige mais aussi la transmission des connaissances de l’art de l’attelage (La Lettre n°15).
Lors de l’Assemblée générale qui réunit 128 membres plus d’un tiers se déclarent intéressés par la tradition. Gabriel Fodor prend la voiture au bond (La Lettre n°18). S’inspirant des « Private Driving » anglais, il suggère un concours à la française comprenant présentation, rallye (ancêtre du Routier) et miniépreuve de maniabilité. L ’idée en est lancée dès mars 1993.
Dans ce même numéro, nous évoquons la remise du « Fouet d’Or 1992 », à Alain Ducharme qui a bien mérité de l’attelage avec, notamment, sa journée des Drags à Auteuil. Quel plus bel exemple de a tradition en attelage.
Dès La Lettre n°19, Jérome Desrez écrit : « Je suis d’accord avec M. Fodor pour l’organisation de réunions de ce type, en particulier pour les attelages de tandems qui ne sont pas acceptés en compétition. Pour répondre au chapitre des idées sollicitées, je suggère l’utilisation de voitures anciennes ouvertes à tous les chevaux aussi bien qu’aux poneys, avec maniabilité et mise en scène, mêmes notations et mêmes juges, horaires stricts, réunions sur une journée ».
1993 : 20 ans de l’AFA
Cet anniversaire est tout un symbole. Dans La Lettre n°21 apparaît le premier règlement de l’Attelage de Tradition. Il y est précisé que sont acceptées les voitures anciennes ou les copies mais que les meneurs et passagers porteront des vêtements contemporains.
Deux épreuves sont retenues, une Présentation et une épreuve de terrain, rallye ou minimaniabilité.
Gabriel Fodor , rapporteur de ce projet propose de le tester pendant la prochaine saison pour une éventuelle révision l’année suivante.
Dans La Lettre n°22, Harvey Cazier Charpentier nous présente les concours anglais d’attelage d’élégance et montre le canevas des jugements. On y trouve les rubriques encore conservées aujourd’hui : cheval ou poney, harnais, voiture, meneur , coéquipier et passagers, impression d’ensemble.
Le premier concours d’Attelage de Tradition a lieu à Saint-Agil (Loir-et-Cher) le 9 juillet 1994. Il réunit 38 attelages, voitures anciennes largement majoritaires, quelques copies et même quelques voitures de présentation modernes car il faut bien commencer… La présentation est jugée par 3 juges.
Laurent Dupré au premier Saint-Agil en 1994
Elle est suivie par un rallye de 8 km puis par une maniabilité où sont introduites trois épreuves qui ne s’appellent pas encore «Passages contrôlés ». Il s’agit de prendre un fleur tendue par une jeune fille et d’aller la reposer de l’autre côté d’un tombereau, d’un remiser et d’un pont.
La même année, un concours de tradition se déroule à Osthoffen en Alsace.
C’est aussi en 1994 qu’a lieu la Route Eugénie, premier rallye en voiture ancienne. Paul de Brantes fait revivre (La Lettre n°25) avec quel talent d’écriture ce carrousel de 28 attelages dont 4 appartenant aux Haras Nationaux.
Dans cette même lettre paraît un règlement amélioré. Les trois épreuves sont instaurées : présentation, routier , maniabilité. Le premier stage de juges, au Haras de Cluny réunit 26 participants.
La Lettre n°32 (Septembre 1996) relate le premier concours de Cuts qui a lieu le dimanche de Pentecôte. Le routier de 17 kilomètres est agrémenté de 5 passages contrôlés. Le dîner se déroule dans la Bergerie de la Vallée.
En 1998 (La Lettre n°37), sur une idée de Paul de Brantes il est prévu de récompenser la meilleure restauration. Il est aussi décidé de créer le Trophée AFA.
Paul de Brantes, grand amateur de Tradition
En février de la même année (La Lettre n°38), Allemands, Belges, Français, Pays-Bas se concertent à Nokere, en Belgique, chez le Baron Casier pour adopter le règlement AFA.
1998 : début des controverses
Dans La Lettre n°39, on annonce les notations de voitures : 6 pour les voitures métalliques, 10 pour les voitures anciennes et les copies. C’est le début de la controverse.
En 1998, le concours de Cuts devient international. Félix Brasseur s’initie à la tradition et prend la première place au classement général.
Dès septembre 1998 se pose le problème de différentiation entre les voitures. On parle aussi des freins à disque.
Extrait de La Lettre n°40 : il n’est pas toujours facile de différencier les copies à l’identique des voitures équipées de roues métalliques mais pour le reste parfaitement exécutées ou encore des voitures anciennes mais tellement restaurées qu’on peut les confondre avec des voitures modernes !
Par ailleurs, faut-il ou non autoriser l’utilisation des freins à disque pendant les maniabilités ?
La question des vitesses surgit dans La Lettre n°46 : lors des questions diverses de l’Assemblée Générale, Bernard Puteaux et Reinhold Trapp posent la même question. Ils trouvent les vitesses imposées sur le routier trop élevées. Certains intervenants sont d’accord. Il est toutefois rappelé que le but de nos concours est également d’inciter les meneurs à entraîner leurs chevaux et poneys mais aussi et surtout à se déplacer à une allure maîtrisée.
Le problème des copies
Dans La Lettre n°54 (mars 2002), Alain Bahuchet pose le problème des copies et déclare :
A l’heure actuelle, notre définition de la voiture traditionnelle ou de construction traditionnelle n’est pas assez précise et conduit certains meneurs à faire l’acquisition de pseudo-copies de voitures anciennes. Or, il ne suffit pas qu’une voiture ait des roues en bois ou une caisse en bois pour qu’elle soit assimilée à une voiture ancienne.
Alain Bahuchet reçoit le 1° prix des mains de Pierre de Chezelles
Il précise un point que nous avons abordé (voir changement dans le règlement 2011) : La restauration d’une partie des voitures, notamment la caisse, n’en fait pas une voiture neuve mais bien une voiture ancienne restaurée. Il conclut, les copies devraient être notées sur 6, si nous ne voulons pas les voir se multiplier et freiner la restauration et le sauvetage de notre patrimoine hippomobile. La restauration des voitures anciennes doit être soutenue et reconnue.
La Lettre n°57, nouveau règlement 2003 : les voitures anciennes resteront notées sur 10, les modernes sur 6 avec un coefficient 3 pour favoriser les premières.
La Lettre n°70 en 2006 : la notation des voitures anciennes passe à 20 pour permettre aux juges de moduler davantage leur note. Celle des voitures modernes passe à 12, sans plus de détails. Il faut attendre La Lettre n°85 de décembre 2009 pour trouver une phrase précise sur la notation des voitures : Rien de changé, les voitures anciennes sont notées sur 20 et les copiées sur 12. Il est rappelé toutefois que l’erreur est possible. Erreur de bonne foi d’un meneur qui croit sa voiture ancienne, erreur d’un juge qui n’est pas infaillible. Autant, il est facile de remarquer les copies issues de
certains fabricants notamment polonais. Autant, on peut se tromper sur des voitures reconstituées sur des trains anciens mais dont la caisse a été recréée. Il faut accepter l’erreur dans le jugement mais ne pas transiger sur le principe énoncé à la première ligne du règlement : « Sauvegarder le patrimoine hippomobile.»Donc, les copies restent notées sur 12.
L ’AFA sera toujours fière de faire revivre des voitures authentiques. Les concours ont été inventés pour cela.
Le problème des copies reste toujours épineux dans les paddocks.
Pour la saison 2011, nous avons essayé de trouver une solution qui sera appliquée et évaluée.
L ’évolution des Concours de Tradition s’est toujours faite en fonction des retours de terrains par les juges, les concurrents, les organisateurs mais en respectant les principes qu’énonce Pierre de Chezelles, alors président de l’AFA, dans son éditorial de La Lettre n°56 à propos de l’inventaire AFA des voitures anciennes.
Il constitue pour nous une possibilité de montrer aux autorités de tutelle patrimoniale le rôle qui est le nôtre dans la sauvegarde, la restauration et la présentation au public de ces pièces de collection,
éléments d’une richesse culturelle indéniable. Les contacts avec le ministère de la Culture pour nous aider à mieux sauvegarder ce patrimoine, ne pourront qu’en être facilités.
La Lettre de l’AFA elle aussi évolue :
Aujourd’hui, grâce aux concours de tradition, les noms des différents phaétons sont redevenus des termes utilisés et qui correspondent à des voitures précises.
Faire oublier l’utilisation des mots : carrosse, calèche et charrette pour désigner tout et n’importe quoi est aussi un des buts du travail pédagogique de l’AFA.